LE COEUR DE JÉSUS DANS L'EUCHARISTIE

 

Oh! Si nous pouvions comprendre l'Amour qui brûle pour nous dans le Cœur de Jésus! Il nous a tant aimés que si tous les hommes, tous les Saints et tous les Anges réunissaient tout l'amour dont ils sont capables, ils n'arriveraient pas à la millième partie de l'Amour que Jésus nous porte. Il nous aime immensément plus que nous ne nous aimions nous-mêmes.

Jésus nous a aimés jusqu'à l'excès. À quel plus grand excès un Dieu pouvait-Il porter l'Amour, qu'en ne consentant qu'à mourir pour ses Créatures? Il nous a aimés d'un Amour extrême. Non content de nous avoir aimés d'un Amour éternel, en sorte que, dans toute l'éternité, il n'y a pas eu d'instant où Il n'ait pas pensé à nous, et n'ait pas pensé à chacun de nous, non content dis-je, de nous avoir ainsi aimés, le Fils de Dieu a voulu se faire homme, mener une vie pénible, et mourir en croix pour l'Amour de nous. Il nous a donc aimés plus que son honneur, plus que sa vie, puisqu'Il a tout sacrifié pour nous témoigner son Amour. N'est-ce point là un excès de charité qui doit faire l'étonnement des Anges et des Saints durant toute l'éternité?

 

 

 

Ce n'est pas tout, cependant: cet Amour de Jésus envers nous L'a encore décidé à demeurer avec nous dans le Saint Sacrement comme sur un Trône d'Amour. Là, Il se tient sous les apparences d'un peu de pain, enfermé dans un ciboire, où Il paraît demeurer dans un complet anéantissement de sa Majesté, sans mouvement ni aucun usage de ses Sens; en sorte qu'Il n'y semble occupé qu'à aimer les hommes. L'Amour fait désirer la présence continuelle de la personne aimée. Cet Amour et ce désir font demeurer Jésus-Christ au milieu de nous dans le Sacrement de l'Autel.

 
Trente-trois années passées avec les hommes sur la terre parurent un temps trop court à cet amoureux Seigneur. Ainsi, pour contenter le désir qu'Il a d'être toujours avec nous, Il a jugé nécessaire d'opérer le plus grand de tous les miracles par l'institution de la Sainte Eucharistie. Mais l'œuvre de la Rédemption était déjà accomplie, les hommes étaient réconciliés avec Dieu; à quoi pouvait servir la Présence de Jésus sur la terre dans ce Sacrement? Ah! s'Il demeure ainsi avec nous , c'est qu'Il sait se séparer de nous ; Il nous assure qu'Il trouve en nous ses délices.

Enfin cet Amour L'a conduit jusqu'à se faire la nourriture de nos âmes, afin de s'unir à nous et de faire de nos cœurs et du Sien une seule et même chose; Qui conque mange Ma Chair et boit Mon Sang demeure en Moi et Moi demeure en lui. Ô prodige, ô excès de l'Amour Divin!

Un serviteur de Dieu disait ''Si quelque chose pouvait ébranler ma Foi sur le mystère de l'Eucharistie, ce ne serait pas cette puissance infinie que Dieu y fait voir, dont je douterais. Ce serait plutôt de l'Amour extrême qu'Il nous  témoigne. Comment ce qui est pain, devient-il chair, sans cesser de paraître pain? Comment le corps d'un homme se trouve t-il en même temps en plusieurs lieux? Comment peut-il être renfermé dans un espace presque invisible? À tout cela, je n'ai qu'à répondre que Dieu peut tout. Mais si l'on me demande comment  Dieu peut-Il aimer une créature aussi misérable que l'homme, et l'aimer à ce point: Je confesse que je n'ai nulle réponse, et que c'est une vérité qui me dépasse.''

Ô Cœur Adorable de mon Jésus, Cœur brûlant d'Amour pour les hommes, Cœur créé tout exprès pour aimer les hommes, comment les hommes peuvent-ils Vous mépriser de la sorte et répondre si mal à votre Amour? Ah! malheureux que je suis, j'ai été moi-même un de ces ingrats qui n'ai pas su Vous aimer! -Mon Jésus, pardonnez-moi cette grande faute, de ne Vous avoir pas aimé, Vous qui êtes si aimable, et qui m'avez aimé jusqu'à tout épuiser pour m'obliger à Vous aimer. Je reconnais que, pour avoir ainsi renoncé à votre Amour, je mériterai d'être condamné à ne plus Vous aimer ..... Mais puis-je craindre un tel châtiment quand je Vous entends et vous vois continuer à m'imposer ce doux précepte qui est celui de Vous aimer, Vous mon Seigneur et mon Dieu!

Oui mon Dieu, Vous voulez être aimé de moi, et je veux n'aimer que Vous, Vous qui m'avez tant aimé. Ô amour de mon Jésus, Vous êtes mon Amour.Ô Cœur enflammé de Jésus, enflammez mon cœur. Ne permettez pas qu'à l'avenir j'ai encore le malheur de vivre, même un seul instant, privé de votre Amour..... Ne permettez pas qu'après avoir été tant aimé de Vous, après avoir reçu tant de grâces et tant de lumière, que je recommence à mépriser votre Amour. Non, mon Jésus, ne me le permettez pas. Le sang que Vous avez répandu pour moi me fait espérer que je Vous aimerai toujours, que Vous m'aimerez toujours, et que cet Amour entre Vous et moi formera un lien à jamais indissoluble dans l'éternité.

Par saint Alphonse de Liguori, Docteur de l'Église