Pénétré d'un vif sentiment des grandeurs divines, saint François de Sales ne prononçait jamais le nom de Dieu ou de Notre-Seigneur qu'avec une profonde vénération. Pour exciter les fidèles à faire le signe de la croix avec un profond respect, il avait imaginé les plus gracieuses comparaisons:



''Regardez votre coeur, leur disait-il, comme un jardin ou vous planterez l'arbre sacré de la croix. Ou si vous aimez mieux, considérez-le comme une forteresse ou vous aborderez l'étendard. Ou encore considérez-le comme un cabinet que vous fermez avec clé de la croix, et que vous ne devez ouvrir qu'à Celui à qui la clé appartient''



L'amour du Sauveur des hommes s'était tellement emparé de son coeur qu'il l'exprimait souvent et en toute occasion par ces mots : '' Vive Jésus que j'aime!'' Parlant du saint nom de Jésus: 



'' Que nous serions heureux, disait-il, de n'avoir dans l'intelligence que Jésus, dans la mémoire que Jésus, dans la volonté que Jésus, dans l'imagination que Jésus! Plaise à ce divin Enfant de tremper nos coeurs dans Son sang et les parfumer de Son saint nom, afin que les bons désirs que nous avons conçus en soient tout empourprés et tout odorants! Baisons mille fois les pieds de ce Sauveur et disons-Lui: '' Ô mon Dieu, mon coeur Vous appelle, mon regard Vous désire, je soupire après Votre visage.''



La passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ excitait dans son âme de si violents transports d'amour. Qu'il s'écriait :

 

''Ô Dieu si ce divin Sauveur a tout fait pour nous, que ne ferons-nous pas pour lui? S'Il a donné Sa vie pour nous, pourquoi ne consumerions -nous pas la nôtre à Son service et pour Son amour? Oh ! qu'à jamais le jour de Sa très sainte Passion soit le jour chéri de notre coeur ! Ô amour ! Que tu es douloureux ! Ô douleur ! Que tu es amoureuse ! ''



La croix était, selon lui, le vrai livre du chrétien; aussi recommandait-il de la porter toujours sur soi, de la baiser avec amour, en lui disant: 



''Ô Jésus ! le bien-aimé de mon âme, souffrez que je Vous serre sur mon sein comme un bouquet de myrrhe. Je Vous promets:



†Que ma bouche, qui est heureuse de baiser Votre sainte croix, s'abstiendra désormais de médisances, de murmures, de toute parole qui pourrait Vous déplaire;



†Que mes yeux, qui voient couler Votre sang et vos larmes pour mes péchés, ne regardont plus les vanités du monde, ni rien de ce qui expose à Vous offense;



†Que mes oreilles, qui écoutent avec tant de consolation les sept paroles prononcées par Vous sur la croix, ne prendront plus plaisir aux vaines louanges, aux conversations inutiles, aux paroles qui blessent le prochain;



†Que mon esprit, après avoir étudié avec tant de goût le mystère de la croix, ne s'ouvrira plus aux pensées et imaginations vaines ou mauvaises;



†Que ma volonté, soumise aux lois de la croix et à l'amour de Jésus crucifié, n'aura plus que la charité pour mes frère;



† Qu'enfin rien n'entrera dans mon coeur ou n'en sortira qu'avec la permission de la sainte croix, dont je tracerai sur moi, avec vénération, le signe sacré à mon coucher et à mon lever, et parmi toutes les angoisses de la vie.''